la correction...

Publié le par marie di solo

 

     Nous repartons sur les routes, nos pancartes à la main, pendant 3 jours et 3 nuits, nous allons partager la vie de 4 chauffeurs routiers. Ils transportent des pierres, 45 tonnes. Deux camions qui se suivent, nous sommes dans l'un d'eux. On roule à 20 à l'heure mais la bonne humeur est là. Nous nous arrêtons dans tous les routiers possibles et imaginables, ils les connaissent tous, ils ont leurs habitudes.

 

batu bara et aceh-3

"et ton nez? tu l'as fait faire où?" "heu... c'est naturel, pourquoi?"

"j'ai entendu dire que tous les Bule se faisaient refaire le nez pour l'avoir pointu!"

 

     Deux fois par mois, ils font le trajet Medan Lahat/ Lahat Medan. De 13 à 14 jours pour un aller-retour. Ils s’arrêtent toujours dans les mêmes warungs, se douchent là et mangent aussi. On en fait de même. Parfois, on aimerait trouver une voiture qui nous conduirait en 10h à Medan mais rien ne passe. Alors on prend notre mal en patience et on remonte dans le camion à chaque fois. Jusqu'à destination.

 

batu bara et aceh

à l'arrière du chauffeur, Berit pique un somme. Nous ne conduisons pas mais la route est tellement cabossée

que l'on se sent fatiguées en permanance

 

batu bara et aceh-2

Une des nombreuses pause en compagnie de nos 4 chauffeurs et de la dame du warung

 

     Bien sur, durant le trajet, l'un ou l'autre à voulu essayer, lorsque nous dormions de se rapprocher, un peu plus à chaque fois... toucher le pied, le mollet... Paf, un coup dans la tronche et le gars fait semblant de dormir. Ils ont été aux petits soins pendant ces jours-ci, ils essayent d'avoir une compensation qu'ils n'auront pas. Tant pis pour eux, tant mieux pour nous.

 

batu bara et aceh-5

Parfois, des personnes en moto coupent la route aux camions, jettent des pierres sur le par-brise, les force à s'arréter et leur pique leur soux... c'est arrivé à ce camion, juste avant qu'ils nous prennent en stop...

 

     Nous arrivons donc à Medan et cherchons à rejoindre Banda Aceh le plus rapidement possible. Une douche prise dans un warung, encore, et nous reprenons le stop.

 

     Deux gars s'arrêtent, l'un parle beaucoup, et en anglais, l'autre, plus timide, n'essaye même pas d'en placer une mais est très souriant. Nous serons à Banda Aceh dans la nuit. Ces deux là ce sont rencontrés lorsqu'ils travaillaient avec des ONG pour reconstruire Aceh après le tsunami, les routes sont parfaites, tout est propre et bien rangé, il semblerait que nous ne soyons pas en Indonésie. Le gars qui parle beaucoup roule très vite, il me demande si je connais le film Français « taxi » il en est fan, cela ne m'étonne pas. Nous croyons mourir à tous les virages. En fin de soirée, ils échangent de chauffeur.

 

     Ce trajet nous mettra directement dans l’atmosphère de cette région. Berit est endormie, le passager aussi. Le chauffeur roule à faible allure, il y a un concert qui vient de se terminer, un petit bouchon se crée.

 

     Dans la nuit, un cri, une voix de femme. Je regarde par la vitre et la vois, elle est assise sur le bas côté de la route, elle crie, un jeune homme est debout à ses côtés et lève, sûrement pas pour la première fois, la main sur elle. Elle se protège le visage et crie, le bras part et la douleur se change en un nouveau cri, plus fort, plus encore rempli de larmes,je dis au chauffeur de s'arrêter, qu'on ne peut pas laisser faire cela, je lui somme de stopper la voiture, Berit se réveille, le passager aussi, les deux hommes sourient. L'un d'eux dit « si on commence à s'arrêter pour ça, on n'a pas fini » et le deuxième de rajouter « et puis, on ne sait pas quel est le problème, on ne peut pas intervenir »... Je ne dis plus rien, Berit me demande ce qu'il s'est passé, ma gorge se sert, je ne peux pas parler, les larmes de colères débarquent sur mes joues... Enfin, je lui raconte. Quelque minutes plus tard, elle veut savoir, elle veut savoir exactement pourquoi ils ne se sont pas arrêtés. La conversation reprend sur le même point « on ne peut pas commencer à s'arrêter pour ce genre de choses, sinon, on s’arrêterait tous les 100 mètres... ». Alors que le deuxième, le timide, qui ne disait trop rien, intervient.... la parole de trop pour nous «  et puis on ne sait pas quel est le problème, ça peut très bien être un garçon qui corrige sa sœur parce qu'elle est rentrée trop tard. Il l'éduque, elle ne recommencera pas la prochaine fois »... Nous asseyons d'argumenter notre position avec tous les mots que vous pouvez imaginer, ces deux - j'ai du mal à les qualifier d'hommes – personnes ne changeront pas leur point de vue et finiront même en me disant « Marie, there is NOTHING to worry about »... Si nous n'étions pas au milieu de nulle part, au milieu de la nuit, au milieu de cette province d'Indonésie, nous serions sorties de la voiture...

 

     Nous arrivons à Banda Aceh dans la nuit et décidons de trouver un petit Paradis afin de digérer tout cela... Notre chemin nous mène à l'île Weh ou Sabang, du nom de sa capitale.

 

batu bara et aceh-4

Nous arrivons à la pointe Nord de Sumatra, au kilomètre 0 de l'Indonésie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article